On passait au petit matin, lorsque les derniers bars avaient fermé, ou que, vaincus par la fatigue tous avaient abandonné. On passait là et au cul des camions les ouvriers chargeaient les paquets. Première zone de la ville à s'éveiller, dans l'odeur de l'encre et le bruit des rotos. On ignorait qu'il ait pu s’en passer assez pour remplir tant de pages. On passait là, et l'on prenait conscience qu'il y avait autre chose, autre chose que les soirées nicotinées, alcoolisées, où perdre sa jeunesse. On ignorait le lien. On ne savait pas les chemins qui se rejoindraient. On passait juste conscient que c'était important. Et il ne reste rien.