"Balzac prenait des notes sur un carnet qui ne le quittait jamais, comme un peintre fait des croquis. Il avait sa méthode et son ordre rigoureux. Léger repas à six heures du soir. Il se couche, se fait réveiller vers minuit, s’enveloppe d’un froc de laine blanche, puis armé d’une plume de corbeau, muni de papier, d’encre, il s’installe. Du café extrêmement fort, non sucré, chauffe sur une veilleuse. Silence de la nuit, fraîcheur des idées naissantes, douce lueur des bougies ou de la lampe à huile, suscitant des ombres évocatrices. Il écrit jusque vers sept heures. Il s’arrête, prend un bain, s’allonge sur son divan, rêve. De huit à neuf heures vient l’éditeur. Puis reprise de la plume jusqu’à midi. Petit repas. Il recommence jusqu’à six heures. Cette claustration, ce jeûne, durent un mois, deux mois. Quand Balzac reparaît dans le monde, au théâtre, dans les journaux, amaigri, le visage creusé, les yeux cernés et brillants, il ressemble à un chien toujours attaché qui a rompu sa chaîne, ou, comme dit son ami Champfleury, à un sanglier joyeux." -- Pierre Chardon. Expliquez-moi... Balzac (Foucher, Paris)
Les commentaires récents