Le talent est une question de quantité. Le talent, ce n'est pas d'écrire une page : c'est d'en écrire 300. Il n'est pas de roman qu'une intelligence ordinaire ne puisse concevoir, pas de phrase si belle qu'elle soit qu'un débutant ne puisse construire. Reste la plume à soulever, l'action de régler son papier, de patiemment l'emplir. Les forts n'hésitent pas. Ils s'attablent, ils sueront. Ils iront au bout. Ils épuiseront l'encre, ils useront le papier.
Cela seul les différencie, les hommes de talent, des lâches qui ne commenceront jamais. En littérature, il n'y a que des boeufs. Les génies sont les plus gros, ceux qui peinent dix−huit heures par jour d'une manière infatigable. La gloire est un effort constant.Jules Renard
"La chose littéraire (à comprendre particulièrement sous ce nom l'ensemble des productions d'imagination et d'art) semble de plus en plus compromise, et par sa faute. Si l'on compte çà et là des exceptions, elles vont comme s'éloignant , s'évanouissant dans un vaste naufrage (...). La physionomie de l'ensemble domine, le niveau du mauvais genre gagne et monte."
Sainte-Beuve, dans un article intitulé "De la littérature industrielle", publié en 1839 dans La revue des deux mondes.
Aujourd'hui, la production littéraire est énorme. Tout le monde se mêle d'écrire. Où que vous alliez, vous ne rencontrez que des gens gros de romans. (...) Les minutes se comptent par l'apparition d'un volume nouveau. Il faut vraiment n'avoir pas été à l'école mutuelle pour ne se point payer cette fantaisie et ce luxe, devenus presque un besoin, de faire un livre "
Octave Mirbeau, dans un texte publié dans Le Gaulois en 1883 (cité p 6 dans Le Monde 2, le 26 janvier 2008)
Je ne suis pas collectionneur mais il y a dans ma bibliothèque quelques livres fort rares et que bien peu de personnes possèdent. Je me flatte en outre de les avoir écrits.
Eric Chevillard, sur son blog
«Pendant des années, il m'a interdit d'écrire, il déchirait tout ce que j'écrivais et dessinais, j'étais un pirate à ses yeux. Il m'a parlé une seule fois de mes livres, lors d'un dîner. Cela a duré cinq minutes, ça m'a semblé des siècles, nous étions aussi gênés l'un que l'autre.» Bref, Yann ne doit rien de son succès à son écrivain-universitaire de père. Pourtant, avoue-t-il aujourd'hui, il n'a pas arrêté de se gaver de tout ce qu'il lui a inconsciemment transmis: «Je lui ai volé plus qu'aucun enfant.»
Ici par Marianne Payot
Lire, octobre 1996
« La plupart des gens que je connais (surtout ceux que je rencontre dans les cafés) rêvent d’écrire. Mon rêve c’est de ne plus écrire. Il suffit de le dire pour que tout le monde vous tombe dessus. Ceux qui pensent que ce n’est qu’une manière détournée d’attirer l’attention sur soi, ceux qui croient que cette sage décision aurait dû être prise depuis très longtemps (disons un peu avant la publication de mon premier roman), ceux qui sont vraiment désolés ou qui espèrent me faire changer d’avis. Enfin, beaucoup de gens semblent être très concernés par une nouvelle de si petite importance (calmons-nous les gars, ce n’est quand même pas Marquez ou Naipaul qui annonce qu’il n’écrit plus. Ce n’est que Laferrière. »
Dany Laferrière, "Je suis fatigué", 2001
Il a publié au moins 2 livres depuis.
Je ne pensais pas du tout devenir écrivain. L’économie, la politique et les relations internationales m’ont toujours intéressé. Je ne pensais pas écrire un roman un jour, c’est arrivé par hasard ! Lorsque j’ai lu ‘Eugène Onéguine’, de Pouchkine, ça m’a tellement inspiré que j’ai moi aussi écrit un roman en vers. Et puis je me suis rendu compte que j’étais capable d’écrire de la fiction, avec une intrigue, des personnages, etc. Mais je n’aurais jamais pensé pouvoir vivre de l’écriture, c’est venu petit à petit.
Vikram Seth, un des grands écrivains indiens contemporains, en visite à Paris à l’occasion du Salon du livre en mars 2007
Frédéric Beigbeder, nu, enfin, à moitié, mais c'est déjà beaucoup : les écrivains ne vont généralement pas jusque là, ou alors juste pour tondre la pelouse, pas pour se vendre, ni pour vendre leurs livres, encore moins pour vendre un magasin qui lui même vend un livre, entre autres choses.
Bref, Frédéric Beigbeder pose torse nu. Avec le livre « La Société de consommation » de Jean Baudrillard entre les mains. Il dénonce ? Il profite ? Il brouille les repères ? En tout cas, son regard a bien l'air de nous accuser de le regarder. Là où on pourrait l'accuser de se montrer.
Et on ne sait plus très bien de quel côté de l'image est la faute...
Le métier d'un écrivain, c'est d'apprendre à écrire.
(Jules Renard, Journal (18 juin 1900), p.463, Éd. Robert Laffont coll. Bouquins.)
A 46 ans, le beau gosse britannique, Hugh Grant a désespérément envie de mettre de côté le cinéma pour se lancer dans l’écriture…
L’acteur aurait déjà écrit une partie de son livre, mais craint qu’il n’ait aucune discipline pour le finir. « J’ai vraiment essayé d’écrire un livre, ma compagne m’a pratiquement mi le pistolet sous le tempe pour me motiver. J’ai pris beaucoup de notes. Mais, je manque cruellement de discipline » a-t-il avoué.
Quand on vous dit que c'est un métier...