Livre du jour

Une histoire de bleu, Jean-Michel Maulpoix

Une histoire de bleu, de Jean-Michel Maulpoix vient de paraître dans la collection Poésie/Gallimard. Que voilà une bonne idée ! Parce que donner à tout un chacun la possibilité de découvrir ce texte est bigrement bien. Une histoire de bleu, qu'est-ce que c'est ? Un livre pour les amis de la poésie, pour les peintres, pour les musiciens. Un livre qui ne se laisse pas dire, mais qui parle si bien de lui même :

L'air que nous respirons, l'apparence de vide sur laquelle remuent nos figures, l'espace que nous traversons n'est rien d'autre que ce bleu terrestre, invisible tant il est proche et fait corps avec nous, habillant nos gestes et nos voix. Présent jusque dans la chambre, tous volets tirés et toutes lampes éteintes, insensible vêtement de notre vie.

Le bleu, c'est tout ça, et bien d'autres choses encore que Jean-Michel Maulpoix n'oublie pas de livrer en neuf chapitres de neuf textes chacun, soit quatre-vingt une proses pour dire le bleu, commele tour d'horizon d'un sujet inépuisable.

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Cent récitations

Voilà le genre de livre que j'adore découvrir dans un paquet cadeau, pour Noël. Non que je garde un très bon souvenir des récitations de l'école primaire, pas en tant que telles, en tout cas. Mais de ces textes qui furent des premiers pas en poésie, oui.
On les a ensuite, toute sa vie, sur le bout de la langue. Des fragments, dont on ne sait très bien d'où il viennent exactement, mais que l'odeur des troennes en fleur au printemps ravivent soudain comme une promesse de grandes vacances toutes proches.
Ces cents récitations là fleurent bon le préau sous la pluie et la craie qui crisse sur le tableau noir. Une belle idée que les avoir réunies, donc. Pour une plongée en enfance.

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500 jeux avec les mots, Laurent Raval, Thierry Legay

Allez, j'avoue, lorsque ce livre est sorti, j'ai fait la tête... Vraiment. Parce qu'il est directement concurrent d'un des miens. Et puis, je l'ai lu, feuilleté, regardé de près. Et j'y ai pris du plaisir. Normal : il est bien fait, sur un sujet qui m'intéresse. De quoi s'agit-il ? De 500  invitations au jeu de mot sous toutes ses formes, de l'abécédaire au zeugma (personnellement, je dis zeugme, mais ne cherchons pas la petite bête). Autant d'occasions de découvrir les subtilités du français et de rebondir d'exemples en citations, d'Alphonse Allais à Louise de Vilmorin : du beau monde.

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Calligrammes, Guillaume Apollinaire

Les Calligrammes d'Apollinaire sont des figures connues. Le grand mérite de ce petit livre de Gallimard est d'associer les textes à des documents, un accompagnement qui, comme le rappelle l'éditeur "fait l'historique du calligramme, depuis les idéogrammes chinois jusqu'à la poésie contemporaine, en passant par les Djinns de Victor Hugo. Privilégiant cette forme singulière, le commentaire propose de nombreux exercices d'écriture, invitant à réinterpréter les poèmes d'Apollinaire. Par ailleurs, le contexte historique est précisément mis en relation avec la construction du recueil."
Ainsi armé, vous aussi, peut-être, vous vous essaierez à cette forme poétique singulière.

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Ceux que la muse habite, Jacques Antel

Le contrepet est considéré par beaucoup comme un art noble. Et la réalisation de formules originales demande un savoir-faire qui n'est pas toujours à la portée du premier venu. Pour autant, le contrepet peut-être d'autant plus amusant qu'il est involontaire. Et c'est le grand mérite de l'auteur de ce petit livre d'avoir su repérer ces phrases mal embouchées chez les plus grands auteurs.

Présentation de l'éditeur
" Votre bonne mine est un Pérou ", s'extasie le valet Dubois devant son maître, dans Les Fausses Confidences, sans penser à mal... à moins que la langue du comédien ne fourche, intervertissant le m et p ! La contrepèterie involontaire de Marivaux éclaterait alors aux oreilles de tous. Jacques Antel est l'un de ceux dont l'œil est animé par un démon qui sait débusquer en chaque vers, même parmi les plus académiques et parfaits de la langue française, l'allusion cachée et ruineuse, surgie là contre le gré du poète. Une manière surprenante de relire ses classiques! Ceux que la Muse habite répertorie, sous forme de dictionnaire, près de 8oo contrepets fortuits ou involontaires.

L'auteur
En charge de la chaire de Contrepet du Collège de 'Pataphysique, Jacques Antel est notamment l'auteur de Le Tout de mon cru (Jean-Jacques Pauvert, 1975) et de Le Contrepet quotidien (Ramsay/ Jean-Jacques Pauvert, 1990).

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Petite anthologie imaginaire de la poésie française, Henri Bellaunay

Le pastiche est un genre en soi. Et à ceux qui en douteraient, on ne peut que recommander la lecture de ce livre époustouflant d'humour et de savoir-faire. Henri Bellaunay livre des faux plus vrais que nature : Racine, Hugo, Mallarmé, Péguy , Queneau, entre de nombreux autres sont ici revisité. On retrouve non seulement leur style, et leur petite musique, mais chaque texte est un clin d'oeil amusé qui va au-delà de l'hommage. Jusqu'à ce somptueux pastiche d'un anonyme qui semblerait bien être l'auteur lui-même, pour la seule et unique fois.
Un voyage réjouissant en poésie dont il ne faut en aucun cas se priver.

« Dites-moi où n’en quel pays
Est Sophia, la belle Loren,
Lollobrigida et Vitti,
Qui ne le lui cédaient qu’à peine,
BB aux bêtes tant amène,
Dessus banquise ou dans les champs
Aux phoques donnant tendre aveine.
Où sont les Étoiles d’antan ? »

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Le pornithorynque est un salopare, Alain Créhange

Alain Créhange n'a l'air de rien. En tout cas, à première vue, pas forcément d'un gai luron, d'un hurluberlu un brin poète. Pourtant, c'en est un. Et il le prouve avec ce dictionnaire de mots-valises qui réussit le tour de force de renouveller le genre. Rappelons qu'un mot-valise est un "mot constitué par l'amalgame de la partie initiale d'un mot et de la partie finale d'un autre (ex. : franglais)".
Bravo, d'abord, pour ce titre énigmatique. Enduite, pour la qualité des 670 mots et définitions qu'il contient. Le plus épatant sont pourtant encore souvent les citations, fausses, qui illustrent un grand nombre de mots. Fausses, certes, mais fort crédibles : du grand art. Allez, juste mot un pour la route :

FOLIGARCHIE. Régime politique où l'on commence par se battre en campagne électorale pour finir, une fois élu, par battre la campagne. "On entre en foligarchie dès lors que l'on commence à tirer prétexte de la raison d'Etat pour donner licence à l'Etat d'agir sans raison." (VOLTAIRE).

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Je suis le ténébreux, Camille Abaclar

Ce livre est totalement indispensable, au moins dans la mesure où il paraîtra totalement accessoire à un grand nombre de lecteur. Le principe en est pourtant simple, il contient une centaine de variations à partir du célèbre El Desdichado de Gérard de Nerval qui commence par ces mots : "Je suis le Ténébreux, - le Veuf, -l'Inconsolé".
Autant de variations qui sont un véritable feu d'artifice de second degré, d'humour, d'érudition, de savoir-faire et d'imagination. Si l'on y retrouve la panoplie standard des exercices de style les plus classiques, d'autres sont tout à fait inattendu et néanmoins délicieux.
C'est que les meilleures plumes se cachent derrière le pseudonyme de Camille Abaclar. Des proches de l'Oulipo, et donc de Raymond Queneau ou Georges Perec.
Bref, ce livre est un régal qui devrait figurer dans toute bonne bibliothèque.

Mille et cent ans de poésie française, Bernard Delvaille

Cette anthologie n'est certes pas toute récente, mais elle offre sans aucun doute le meilleur rapport qualité/quantité/prix possible. A disposer, évidemment dans la bilbiothèque de tout honnête homme. Du 9e siècle (un poème) à 1986, 300 poètes sont rassemblés là. De quoi passer de nombreuses heures en excellente compagnie. A offrir, à s'offrir, à feuilleter sans modération.

L'auteur
Bernard Delvaille est l’un des meilleurs connaisseurs de la poésie du passé et du présent, comme en témoignent ses anthologies : La Poésie symboliste, Mille et cent ans de poésie française. Il a publié de nombreux poèmes, de 1950 à 1980. Il est également l’auteur de récits autobiographiques, d’ouvrages critiques (sur Valéry Larbaud et Paul Morand, entre autres). Il a été journaliste à Combat et directeur de la collection «Poètes d’aujourd’hui» aux éditions Seghers. Il collabore régulièrement au Magazine littéraire et au cahier littéraire du Figaro. Il a, pendant dix ans, siégé à la commission «Poésie» au Centre national des lettres, a fait partie de l’Académie Mallarmé et des jurys des prix Apollinaire et Max Jacob. Il est président de l’Association internationale des amis de Valery Larbaud.

La Chapelle Sextine, Hervé Le Tellier

Attention, ce livre, illustré qui plus est, n'est pas à mettre entre toutes les mains. La Chapelle Sextine devrait même, carrément, être interdit aux mineurs. Ceci posé, voyons la suite. Treize hommes et treize femmes (d’Anna à Yolande, de Ben à Zach), se retrouvent au fil de 78 épisodes au gré d'un chassé-croisé complexe qui ne doit rien au hasard. A chaque rencontre, une situation à forte conotation sexuelle est décrite, puis une courte morale vient comme un contrepoint : "Elle se dit aussi qu'à la réflexion, le mobilier urbain du nouveau centre piétonnier est vraiment très très sympa". Rien du kamasoutra, cependant, n'est épargné au lecteur.
L'intellectuel, toujours en éveil, se délectera (aussi) d'autres plaisirs, ceux de la structure qui préside aux rencontres, calquée sur le plafond et le pavement de la chapelle Sixtine, qui n'en demandaient pas tant. Normal, l'auteur est un oulipien de premier ordre : Hervé Le Tellier. Et son compère l'illustrateur, Xavier Gorce, contribue à faire de ce petit livre des Editions Estuaire un ouvrage à posséder absolument dans sa bibliothèque, et à explorer, avec plaisir, jusqu'à en avoir saisi tous les rouages.

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